La Coupe du monde de football constitue une bonne occasion de rappeler que dans de nombreux pays, les femmes et les filles doivent lutter pour avoir accès à un terrain de sport. Et qu’une fois qu’elles l’ont obtenu, elles subissent des menaces et des représailles, des actes de harcèlement et des agressions sexuelles, et reçoivent des salaires injustement dérisoires.
Aujourd’hui, il faut reconnaitre que le bilan de la FIFA en matière de protection des femmes et des filles dans le sport est déplorable. Loin d’instaurer une égalité entre hommes et femmes dans les rémunérations lors des tournois, comme cela s’est produit dans des sports comme le tennis, la FIFA échoue sur les questions de salaires et même sur la mise en place de système de protection des joueuses sur leurs lieux de travail contre les abus, notamment sexuels.
«Il y a largement assez d’argent pour assurer aux joueuses un salaire leur permettant de vivre de leur sport. Compte tenu du fait que la FIFA compte 4 milliards de dollars de réserves et attend 11 milliards de dollars de revenus du cycle de la Coupe du monde 2026, il est clair que c’est uniquement la discrimination sexuelle qui l’empêche d’égaliser les salaires des femmes et des hommes à l’occasion de la Coupe du monde féminine. » Regrette Human Right Watch
La FIFA verse à chaque équipe nationale une moyenne de 1,5 million de Dollars par an. Malheureusement, cet argent, qui est destiné à consolider le sport féminin, est trop souvent détourné par les fédérations nationales avant de parvenir aux joueuses qui l’ont gagné.
« La FIFA pourrait user de son influence, en tant que principal financier du sport, pour s’assurer que chaque fédération nationale traite ses athlètes féminines équitablement, mais elle ne le fait pas. Des joueuses internationales ont affirmé à Human Rights Watch que ces fonds alimentent plutôt la corruption et les abus sexuels les plus déplorables »
Une importante étude réalisée récemment par FIFPRO, le syndicat mondial des footballeurs professionnels, a montré que 29% des joueuses ayant répondu à l’enquête ont affirmé n’avoir perçu aucun paiement de la part de leur équipe nationale pour leur participation aux tournois qualificatifs pour la Coupe du monde.
Au total, 150 joueuses de statut international ont signé à la FIFA exigeant l’égalité hommes-femmes en matière de salaires et de conditions lors des tournois. Il est regrettable que des footballeuses qui ont atteint les sommets de leur sport ne puissent pas s’en remettre à la FIFA pour leur garantir le paiement des rémunérations qu’elles ont gagnées, et cela montre une gouvernance corrompue et une absence de contrôle du respect des droits humains
La FIFA a les fonds nécessaires pour instaurer l’égalité des salaires, mais pas la volonté politique. Par contraste, dans le tennis, les joueuses se sont battues et ont obtenu des salaires de parité lors de l’Open des Etats-Unis en 1973, il y a un demi-siècle. Cette Coupe du monde féminine va certainement permettre d’assister à de magnifiques performances sportives. Mais de manière peut-être aussi importante, elle met également en lumière la nécessité urgente de mettre fin aux dysfonctionnements au sein de la FIFA qui permettent à cette instance de duper et d’abuser des joueuses qui produisent ses tournois.