Journalistes sous pression : 2024, une année d’obscurantisme en Guinée

Le Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) vient de publier son troisième rapport annuel sur la liberté de la presse, et les chiffres qu’il révèle sont inquiétants. Intitulé “2024, Année d’Obscurantisme en Guinée”, ce rapport dresse un tableau sombre de la situation des médias et des journalistes dans le pays.

Avec 70 atteintes graves enregistrées contre les professionnels de l’information, soit une augmentation de 204% par rapport à l’année précédente, la liberté de la presse en Guinée a connu une régression spectaculaire en 2024.

Arrestations et agressions : des journalistes en danger

L’année écoulée a été marquée par une vague d’arrestations et de violences contre les journalistes. Selon le SPPG, 32 journalistes ont été séquestrés et 16 arrêtés arbitrairement. Parmi eux, 2 ont été incarcérés à la maison centrale de Coronthie.

Les agressions physiques ne sont pas en reste. Deux journalistes d’un média public ont été violemment battus à Conakry par des militaires, entraînant des blessures graves, dont une épaule déboîtée pour l’un d’eux.

Les menaces contre les journalistes se sont intensifiées, avec plusieurs tentatives d’enlèvement recensées. Ces intimidations ont conduit au kidnapping d’un journaliste le 3 décembre en banlieue de Conakry. Face à ce climat de terreur, quatre journalistes ont été contraints de fuir le pays avant la fin de l’année.

La justice et l’administration contre la presse

Le rapport pointe du doigt l’instrumentalisation de la justice pour museler les médias. En effet, deux journalistes ont été jugés sur la base du code pénal, alors que la loi sur la liberté de la presse protège les journalistes contre l’emprisonnement.

En outre, six médias ont été fermés par le ministère de l’Information, dont quatre radios et deux télévisions privées. À ces mesures répressives s’ajoutent deux sites d’informations suspendus et trois journalistes interdits d’exercer pendant des périodes allant de trois à neuf mois.

Conakry, épicentre de la répression

Sur le plan géographique, la capitale Conakry reste la zone la plus touchée par ces atteintes aux libertés, avec 67 cas sur 70 recensés, soit 95,71% des violations. Seules trois infractions ont été signalées dans la région administrative de Kankan.

Une situation préoccupante pour la démocratie

L’augmentation exponentielle des attaques contre la presse en 2024 soulève des inquiétudes sur l’avenir de la liberté d’expression en Guinée. Loin de s’améliorer, la situation semble empirer d’année en année, mettant en péril le rôle essentiel des médias dans la démocratie.

Face à ces menaces, le SPPG appelle à une mobilisation nationale et internationale pour protéger les journalistes et garantir leur droit d’exercer sans crainte de représailles.

Alors que la Guinée s’enfonce dans une spirale répressive, la question reste posée : jusqu’où ira cette dérive autoritaire contre la presse ?

RAPPORT ANNUEL DU SPPG SUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE EN GUINÉE ÉDITION 2024#TITRE: 2024, “Année d’Obscurantisme en Guinée”. #SYNTHÈSE Le syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) est à son 3e rapport annuel sur la liberté de la presse. Tout comme les première et deuxième éditions, le rapport 2024 aussi revient des atteintes majeures commises entre le 1er janvier et le 31 décembre. Pendant cette période, 32 journalistes ont fait l’objet de séquestrations et 16 arbitrairement arrêtés. Parmi les 16 interpellés et placés en garde à vue, 2 ont été jetés en prison à la maison centrale de Coronthie.

Parlant des cas d’agressions physiques, 2 journalistes d’un média public ont été sauvagement battus à Conakry par des militaires. L’extrême violence des coups reçus a fait déboîter l’épaule droite de l’un des journalistes agressés.

Les menaces et tentatives d’enlèvement qui ont visé plusieurs professionnels au cours de l’année écoulée ont fini par atteindre 1 journalistes kidnappé le 3 décembre en haute banlieue de Conakry. Avec cette autre façon de régler des comptes aux hommes de médias qui a pris de l’ampleur à partir du 2e semestre de l’année, au moins 4 professionnels ont fui le pays avant fin décembre.

En matière de poursuites judiciaires, 2 des 3 procédures engagées contre des journalistes ont été traitées sur la base du code pénal, au détriment de la loi sur la liberté de la presse qui les protège contre la prison.

Sur le plan de mesures administratives liberticides, 4 radios et 2 télés privées sont fermées à Conakry par le ministère en charge de l’information depuis mai 2024, ainsi que leurs démembrements en régions. À ces cas de fermeture s’ajoutent 2 sites d’informations et 3 journalistes suspendus par la haute autorité de la communication pour des périodes allant de 3 à 9 mois. Ce qui fait un total de 70 atteintes graves à la liberté de la presse en 2024, contre 23 l’année précédente. Il il y a eu donc 47 cas de plus; soit 204% d’augmentation. Ces chiffres peu honorables étendus sur l’année donnent en moyenne près 6 cas d’actes liberticides commis chaque mois.

Partant du nombre des attentes recensées par zone, la capitale Conakry a encore battu le triste record pour la 3e année consécutive avec 67 cas sur les 70, soit 95,71% des dérives enregistrées en 2024, suivi de la région administrative de Kankan qui compte 3 cas(4,28%): l’un à Kankan ville et les deux autres dans la commune urbaine de Mandiana.

Conakry, le 04 Février 2025

Le bureau National

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